Lipanali

Public : Tout public à partir de 8 ans
Durée :
1 heure environ
Fiche technique :
prévoir une sonorisation pour un public de plus de 50 personnes ou en extérieur
Tarifs :
me contacter

Notes de travail

Lipanali

Le premier travail fut d'aller collecter mes contes. J'ai passé deux mois en Svanétie, Haute et Basse Svanétie, région frontière avec la Russie au nord de la Géorgie. Accompagnée la première fois, seule la seconde. J'ai vécu un an et demi en Géorgie, appris les chants, les rudiments de la langue. Dire ces contes est pour moi un hommage ; contes de terre, de cailloux qui sentent la mousse des forêts, de chasses à l'ours au petit matin.

Il ne s'agit pas ici de folklore, d'une réalité fantasmée parce qu'elle est loin de nous, forcément plus sage et plus belle. Je ne suis pas eux et nous n'avons pas besoin d'être identiques pour être des semblables, pour nous rencontrer et nous respecter. C'est ce respect que j'ai avant tout cherché à préserver, y compris dans mes désaccords.

Et puis transmettre, transmettre les regards, les odeurs, l'étonnement devant ces montagnes et ces hommes qui les arpentent. Et puis dire, dire quelque chose de réalités qui nous échappent. Passer, passer la parole de quelques uns qu'on entend bien peu, pleurer un peu avec eux. Et boire un verre de vin.

Rituel de Lipanali

Rituel Lipanali

Lipanali débute le 18 janvier, le jour d'ardgoma : ‘quand les âmes se lèvent', et dure jusqu'au lundi d'après. Durant ces quelques jours il est dit que les âmes des ancêtres rentrent à la maison. Pour elles, chaque soir et durant toute la durée du rituel, des histoires seront racontées.

Lipanali est un temps de carême. Pour le 18, les maisons sont nettoyées du sol au plafond afin que les âmes se sentent bien et des plats simples sont préparés pour nourrir les vivants et les morts. Les hommes se rendent dans les églises, souvent perchées dans les montagnes loin des villages, pour inviter les âmes à rejoindre les maisons. Ils les invitent avec lezédaché (alcool) en criant : ‘Venez, tout est bien, tout est prêt, faites le bien chez nous !' Il est interdit de faire du bruit dans les maisons car il est dit que les âmes en ont peur et qu'alors elles restent dehors sous la pluie avec les chiens.

Le samedi, les âmes valides partent se réunir pour décider qui doit mourir dans l'année ; les âmes des enfants et les âmes invalides restant dans les maisons. Elles reviennent le dimanche et pour leur retour, on prépare de la bouillie car alors elles ont froid et se réchauffent à la vapeur des plats. Le lundi matin, très tôt, les âmes sont raccompagnées jusqu'au portail de la maison. La personne chargée de les raccompagner tient dans sa main une bougie : si celle-ci s'éteint, l'année à venir risque d'être difficile. Aujourd'hui pour Lipanali, les contes ne sont quasiment plus racontés de mémoire mais lus.